Technicien de maintenance, chef d'équipe, formateur et bien plus...
A 22 ans, je me suis engagé dans la Marine Nationale avec un BAC PRO maintenance des systèmes, pour être mécanicien d'armes. Mon métier est la maintenance et la mise en œuvre des systèmes d'armes (canons, torpilles, missiles...) à bord des bâtiments de la Marine Nationale. Les systèmes d'armes que l'on retrouve sur les bateaux et les sous-marins sont pour la plupart entièrement automatisés, asservis et font appel à l'hydraulique ou la pneumatique.
Ma formation m'a permis de commencer en tant qu'opérateur du service "armes" sur un patrouilleur en Guyane. D'autres formations m'ont permis d'approfondir mes connaissances et de perfectionner mes compétences jusqu'à devenir chef d'équipe. J'ai été affecté sur d'autres bateaux, à la Réunion et à Toulon, ce qui m'a permis de travailler sur différents systèmes d'armes. J'ai pu ainsi participer à des missions humanitaires, conflits, narcotrafic, surveillance et police des pêches, etc.
Une carrière dans la Marine Nationale, est faite aussi d'opportunités. J'ai pu orienter ma carrière vers la formation, un domaine qui m'intéressait et dans lequel j'ai pu aussi évoluer. J'ai donc passé des diplômes en pédagogie. Instructeur en leadership au Centre d'Instruction Naval de Saint Mandrier, j'ai décroché ensuite le certificat de conseiller pédagogique, qui consiste à former les instructeurs et à améliorer les formations. J'ai tenu également la fonction de coordinateur des activités à risque de la base navale de Toulon pendant 3 ans, avant de rejoindre la Bretagne. Car c'est aussi cela que je cherchais dans la Marine, c'est la mobilité.
Je me suis ensuite porté volontaire pour faire du recrutement, autre domaine dans lequel je souhaitais travailler. Affecté au CIRFA de Brest depuis 2018, je suis donc maintenant dans les ressources humaines.
La maintenance, la formation, la gestion d'activités et la RH. J'ai commencé comme matelot, je suis monté en grade et j'ai gravi les échelons. On peut commencer une carrière dans la Marine Nationale avec un métier et en faire bien d'autres.
Mécanicien d'armes: polyvalence et responsabilités !
Mon rôle en tant que mécanicien d'armes est d'effectuer les maintenances (mécanique, électrique, hydraulique, pneumatique et automatisme) sur différents canons et systèmes de missile. Réaliser des maintenances préventives, des vérifications de bon fonctionnement, des démontages et quand cela se présente, des réparations.
Ce métier c'est aussi mettre en œuvre l'armement. Connaitre et réaliser les procédures de tir. En mer, nous effectuons régulièrement des tirs pour l'entrainement afin d'être prêt le jour où cela est nécessaire. Il y a de la préparation et des vérifications avant et après le tir. Cela signifie également être formé dans le domaine de la sécurité et de la manutention des munitions.
A bord d'un bateau, le MEARM comme on nous appelle, est aussi le spécialiste de l'identification. C'est à dire que l'on sait identifier tous types de bâtiments et d'aéronefs, quelque soit la nationalité. En effet, en mer quand on ne fait pas l'entretien de l'armement, nous sommes à la veille. Au point le plus haut du navire, nous sommes les yeux du bateau. De jour comme de nuit, nous surveillons aux jumelles et identifions tout ce qui se passe dans un rayon de plus de 20 km autour du bateau.
Le mécanicien d'armes a plus d'une corde à son arc. Nos rôles sont multiples. Sur mes bateaux, j'ai été pompier, factionnaire (protéger le bateau contre les intrusions), responsable de la sécurité et formateur.
Le MEARM est réputé pour sa rigueur. Consciencieux, nous portons un soin tout particulier à l'armement du bateau car lorsque le commandant ordonne le feu, on n'a pas le droit à l'erreur!
L'ARMEMENT EST LA DIFFÉRENCE QU'IL Y A ENTRE UN BATEAU CIVIL ET UN BÂTIMENT DE GUERRE.
Esprit d'équipage + compétences = réussite !
La cohésion au sein de l'équipage d'un bateau est très présente. Chacun a sa place, guidé par les plus anciens. Personne n'est jamais laissé seul et chacun fait partager ses connaissances afin de toujours s'améliorer. Ce n'est pas pour rien que l'on dit que la Marine est une grande famille. Mécanicien d'armes est l'une des plus ancienne spécialité de la Marine. Nous sommes très attachés à nos traditions de marins et de canonniers, ce qui renforce d'autant plus cet esprit de cohésion. Au quotidien, nous nous assurons que nos systèmes d'armes soient opérationnels et quand le jour venu, le commandant ordonne le feu et que le coup touche au but, c'est la satisfaction d'avoir été un maillon de la réussite.
Une affectation dure 3 ans. J'ai donc souvent changé d'équipage et l'accueil a toujours été bienveillant à chaque fois. Tous les jours, je suis content et motivé d'aller travailler. Je n'y vais jamais en trainant les pieds même si parfois les contraintes font que le métier peut être exigent. Cette cohésion est indispensable pour travailler dans un environnement sein.
S'adapter, être curieux et savoir saisir les opportunités !
L'armement est un domaine varié, que l'on ne trouve pas dans le civil et qui nécessite rigueur et professionnalisme. Ne jamais rien considérer comme acquis. Si on ne pratique pas, on perd et il n'y a pas de place à l'improvisation. Revenir régulièrement à la documentation et aux procédures même si on croit les savoir par cœur !
Dans mes formations, j'ai travaillé tous les domaines, toutes les matières même celles qui me semblaient moins importantes. J'ai toujours cherché à donner le meilleur de moi-même.
Il convient de s'adapter sereinement à tout nouvel environnement. Rester humble quand on intègre un nouvel équipage.
Ne pas se laisser porter par le quotidien. Allez au devant des opportunités, la Marine en est pleine. Soyez curieux.
On ne sait jamais de quoi une carrière sera faite. Donnez le meilleurs de vous-même !
A l'impossible nul n'est tenu, mais il faut tout faire pour y arriver
Lorsque je suis arrivé en Guyane sur patrouilleur, le canon de 40mm à l'avant était hors service depuis quelques mois. Plusieurs facteurs ont fait qu'il n'a pu être entretenu. Des pièces grippés dû au climat équatoriale, une centrale hydraulique HS et des fuites sur le circuit et pire le système de mise à feu bloqué. Après investigation et plusieurs démontages, j'ai informé mon chef de service qu'il me faudrait 10 jours de travail et sans compter les 2 mois d'attente de livraison de pièces de rechanges, venant de métropole.
"Nous sommes jeudi. Nous partons en mission lundi. Je vous laisse le week-end. Le commandant veut que le canon soit opérationnel pour partir."
J'ai été voir mon homologue sur le patrouilleur sur le quai d'à côté et je lui explique la situation. Il a accepté de m'aider. Nous avons démonté les éléments dont j'avais besoin sur son canon et j'ai dirigé le remontage sur le mien. Malheureusement, même si les pièces sont identiques, rien ne se passe évidement comme prévu. Nous y avons passé le week-end et même après les essais, certaines mesures et spécificités n'étaient toujours pas bonnes. Nous sommes partis en mer et le canon ne fonctionnait toujours pas à cause d'une vis de tarage qui envoyait une mauvaise information sur un des distributeurs hydrauliques. Exercice de tir prévu le lundi 14h00. Jusqu'au dernier moment j'ai cherché un substitut qui aurait pu faire l'affaire, que j'ai fini par trouver auprès des mécanos en machine. Quand l'exercice débuta, je mis en place la vis et je fis un réglage qui me sembla adéquat. Sans avoir pu faire d'essais. Lorsque le commandant ordonna le feu, le canon fonctionna et il y eu coup au but.
J'étais matelot.