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Bonjour, comment concilier vie militaire et vie personnelle ?

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Je suis en couple depuis un peu plus d'un an et ma copine se fait pas mal de soucis à propos de la Marine et de mon désir d'intégrer un bateau (préférence pour les Sous-Marin). Est-ce que la communication est possible, si oui a quelle fréquence ? Quelle est la durée des permissions suite à un retour de mission ?

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Alexis D. a posé une question à Navigation et manœuvre

Catégorie: Equilibre travail/vie privée

Date: mardi, août 20, 2019

Dernière révision: jeudi, mars 26, 2020

Clément L.

Patron du pont

Bonjour Alexis, c’est une excellente question et c’est effectivement quelque chose qui se mûrit. Sur la plupart des bâtiments de surface, on peut téléphoner régulièrement et on a accès à internet. Toutefois il faut être conscient, que même sur des bâtiments de surface toutes les communications peuvent être parfois interrompues pour raison opérationnelle et ceci pour une durée variable.
Sur sous-marin, dès que le panneau est fermé et que nous plongeons, nous n’avons plus aucun accès au téléphone et à internet. Nous n’avons pas d’accès direct aux informations. Nous recevons une fois par semaine une presse sélectionnée en amont. Sur les Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins, les marins reçoivent 40 mots 1 fois par semaine de la part de leur famille. C’est uniquement en réception, les familles n’ont pas de nouvelles directes des marins durant la mission (55 à 70 jours en moyenne).
Sur Sous-marins Nucléaires d’Attaque, nous avons droit à une page A4 en format txt, une fois par semaine ou tous les 10 jours, cette fois en réception et émission. Encore une fois ces échanges peuvent ne pas avoir lieu en fonction de la mission en cours.
Dans tous les cas, il y a un Bureau de Liaison des Familles qui est chargé de faire le lien avec les familles et des assistantes sociales peuvent également être sollicitées en cas de nécessité.
D’autre part nous faisons des escales; que ce soit en surface ou sur SNA (les SNLE ne font pas d’escale), les familles peuvent parfois nous rejoindre durant celles-ci.
Enfin sur sous-marins et certains bâtiments de surface, il y a deux équipages par navire. Ainsi nous connaissons environ 6 mois à 1 an à l’avance les périodes d’absence dans les grandes lignes, ce qui est bien pratique pour s’organiser à moyen terme. Ainsi les permissions interviennent principalement lorsque le second équipage est en mer. Il faut compter environ 4 à 5 semaines de permissions après un déploiement. Dans tous les cas, tous les marins ont 45 jours de permissions par an, parfois ils ne peuvent pas tous être posés et sont alors reconduits pour l’année suivante.
N'hésitez pas si vous avez d’autres questions.
Bien cordialement
Clément

mardi, août 20, 2019

Kevin C.

Chef de section de recrutement

Bonjour Alexis,
Je vais tenter de donner une réponse "Surface" en complément de la réponse de Clément, axée FSM. Comme ça, vous aurez une vision globale :).
Tout d'abord, la disponibilité, et certaines contraintes qui vont avec font effectivement partie de notre métier, et c'est ce qui le rend hors du commun. C'est quelque chose dont il faut tenir compte quand vous postulez, et y réfléchir mûrement. Et il ne faut pas y réfléchir seul, mais bien avec votre famille et votre conjoint.

Je vais maintenant vous donner un exemple de vie qui semblera un peu moins attrayant que celui de Clément, mais tout aussi passionnant. Il est vrai que beaucoup de nouveaux navires et les sous-marins fonctionnent en double équipage, avec des systèmes modernes et performants. Mais il existe encore des bâtiments, plus anciens notamment, à équipage unique, et aux moyens moins modernes, et il est important de le savoir !

Personnellement, j'ai navigué sur aviso brestois. Un vieux navire, très rustique et guerrier, plutôt "very old school" question technique. Un vrai navire quoi ! :)
Nous avions un téléphone pour 80, à utiliser avec une carte téléphone international. Le système VSAT de télécommunication était, disons têtu, et comme l'a précisé Clément, était souvent coupé pour raisons opérationnelles. Mais nous pouvions nous appeler quand nous le souhaitions, et nous envoyer des emails en permanence.
Concernant nos missions, nous partions très souvent au coup de sifflet, et pas mal de weekends ont été écourtés, voire annulés. Départs en mer inopinés, parfois annoncés la veille pour le lendemain, avec un retour approximatif, tout du moins au début de la mission. La famille doit accepter et s'adapter.
Les permissions ont également été parfois annulées, car notre bâtiment s'est vu retaské sur une autre mission. Le programme d'activité du bateau changeait régulièrement

Attention, je donne une vision qui semble négative, mais qui ne l'est absolument pas ! Ma période embarquée a été la plus mémorable de ma carrière. La plus riche en émotions, découvertes, souvenirs. La plus contraignante aussi, il est vrai. Cependant, je peux vous assurer que j'ai eu des larmes en débarquant, et que cela me manque beaucoup aujourd'hui !

Au final, si tout s'est très bien passé pour moi à cette époque, c'est surtout parce que j'ai eu la chance d'avoir une épouse très impliquée, très compréhensive, et qui a toujours suivi et soutenu mes choix de carrière sans sourciller, avec beaucoup de fierté. Le soutien de la famille est la clé d'une carrière de marin réussie.

Pour l'aider, il y a effectivement un bureau liaison familles, qui fait le lien. Il convoque les familles pour des diffusions des films de missions, organise des évènements... Il assure la veille en l'absence du marin. Le Plan Familles initié par la Ministre des Armées, tend à terme à améliorer encore plus cette prise en charge familiale afin de soulager l'effet de ces contraintes.

Voilà , pour répondre plus brièvement à votre question et pour conclure : concilier vie perso et vie militaire, c'est possible et heureusement ! Mais il faut dans le couple, comme à bord, un esprit et un travail d'équipe.

Si vous souhaitez d'autres informations, n'hésitez pas !
Bien cordialement,

mardi, janvier 21, 2020

Photo de Herve L.

Herve L.

Technicien en radioprotection - Marin pompier

Bonjour

Cette question montre en effet un beau degré de préparation et de réflexion et pourrait intéresser de nombreux candidats. Il existe d'ailleurs une question similaire sur cette plateforme (comment arrivez-vous à concilier vie professionnelle et personnelle).

La condition de vie du marin est au centre des préoccupations des autorités qui mettent tout en œuvre pour les améliorer continuellement. En effet, de nombreuses évolutions ont eu lieu ces dernières années, comme le développement des doubles équipages, par exemple.

Bien entendu, et fort heureusement, il est tout à fait possible de concilier vie privée et vie professionnelle. àŠtre marin implique certaines contraintes, comme mobilité et disponibilité. Néanmoins, il est tout à fait envisageable d'avoir des alternances entre les affectations embarquées et celles à terre.

Un marin travaillant à terre aura bien entendu plus de disponibilité qu'un marin embarqué. Sauf raison de service, de garde ou de permanence, il pourra rentrer à la maison tous les soirs. La répétition de ce tour de garde est variable, il faut néanmoins compter une journée par semaine. Mais rassurez-vous, ce tour de service est prévu à l'avance et permet donc à chaque marin d'anticiper et de prendre ses dispositions.

Pour un marin embarqué, il faut différencier la période à quai, et les périodes en mer. Lorsque le bateau est à quai, le principe est le même que pour un marin à terre. Dès lors que le bateau part en mer, il est vrai que rentrer à la maison tout les soirs ne sera plus possible :-). Cependant, les programmes de principe sont généralement élaborés en avance afin de que chaque marin puisse s’organiser. Bien entendu, en fonction de la situation mondiale, ces programmes peuvent toujours être modifiés.
Une fois en mer, grâce à tous les moyens modernes de communication, il est aisé de garder le contact avec sa famille : l'accès à internet et aux mails ce sont très bien développés tout comme les téléphones par satellite permettant de communiquer avec nos familles pour un tarif très raisonnable !
Quand je suis rentré dans la Marine, il y a 21 ans nous n'avions pas toutes ces facilités : pour garder le contact, nous faisions ça « à l'ancienne » : papier à lettre + stylo ! Le courrier partait (et arrivait) tous les 4-5 jours, lors des ravitaillements à la mer. On communiquait donc, mais avec toujours quelques jours (ou semaines) de décalage. Cette possibilité existe toujours, pour les plus motivés ! Il existait bien un téléphone par satellite, mais la minute était hors de prix.
Par le suite, au début des années 2000, et grâce au développement d'internet, est arrivé la possibilité de recevoir et d'envoyer des e-mails - dans un premier temps on était limité à un par jour ! Il fallait pour cela écrire son e-mail au format Word (1 page max !), l'enregistrer sur une disquette afin que le responsable du service informatique et communication récupère l'ensemble des e-mails du bord et procède à l'envoi. Les réponses, ainsi que les e-mails entrant, étaient imprimés et distribués une fois par jour !
Mais très rapidement, grâce aux avancées technologiques et l’amélioration de moyens de communication, sont apparus sur tous les bateaux de surface de plus en plus de téléphones par satellite et d’ordinateurs dédiés à l’utilisation d’internet.
Comme vous le voyez, de nombreux moyens existent pour rester en contact avec nos proches.

Au final, trouver l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle est tout à fait possible, et comme l’indique Kevin nécessite au sein du couple (ou de la famille), le même esprit d’équipe et de cohésion que l’on développe au sein de la Marine.

Cordialement

Hervé

jeudi, mars 26, 2020

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